Taxe : le livre d’occasion dans la ligne de mire
- Elora Quintin
- 23 avr.
- 2 min de lecture
Allons-nous vers une taxation sur les livres d’occasion ? C’est ce que la ministre de la Culture, Rachida Dati souhaite mettre en place afin de mieux rémunérer les auteurs. Nommé « droit de suite », cela s’inscrirait dans le même ordre que l’héritage d’une revente dans le marché de l’art. Si l’idée paraît intéressante au premier abord, est-elle applicable dans les faits ?

Le marché du livre serait en berne d’après les statistiques du SNE (Syndicat National de l’Édition), rapportant une baisse du nombre d’exemplaires vendus de 1,96% entre 2022 et 2023, soit 439,7 millions de livres vendus en 2023 contre 448,5 millions en 2022. Du côté des livres d’occasion, c’est le contraire, puisqu’une étude de la SOFIA montre que 20% des livres achetés en 2022 sont des livres de seconde main, ce pourcentage en hausse représente un chiffre d’affaires de 351 millions d’euros. Selon le Baromètre de l’Ifop du 7 octobre 2024, les raisons de l’achat d’occasion sont : économiques (86%), pour lire davantage (84%) et écologiques (80%).
C’est donc de ce constat que sont partis la ministre de la Culture, le SNE et le Syndicat des écrivains pour réfléchir sur la possible taxation des livres d’occasion.
Mettant en avant que le prix unique du livre, de la loi Lang de 1981, est mis à mal à cause du marché d’occasion dont le prix moyen de revente d’un livre est deux fois inférieur à celui du neuf, l’idée paraît cohérente. Seulement, ajouter une taxe (de 3% sur chaque transition selon les discussions actuelles) sur la revente d’un livre augmentera nécessairement le prix du livre d’occasion.
Et à qui profitera cette taxe ?
Car non, ce ne sera pas reversé directement à l’auteur comme il en est dans le marché de l’art, mais alimentera un fonds de soutiens pour financer la création littéraire.
On peut se demander alors, si ce n’est pas une solution pour ponctionner davantage un marché et engranger toujours plus d’argent ? Le monde de l’édition est un business comme un autre, il est logique de penser que cette discussion consiste à augmenter simplement les parts de marché.
Cette réflexion a du sens, quand on sait que la vente du livre neuf descend, mais que le chiffre d’affaires des éditeurs augmente.
Entre 2019 et 2023, leur CA est passé de 2 806 millions à 2 944 millions d’euros. Pouvons-nous dire réellement que le marché du livre est si mal et que le marché d’occasion lui porte tant préjudice ?
Sachant qu’environ 25% des acheteurs combinent le neuf et l’occasion et que 75% n’achètent que des livres neufs. L’achat strictement d’occasion se retrouve sous la barre des 5%.
Pour mieux rémunérer les auteurs, comme cela fait partie de la réflexion de départ, ne vaut-il pas mieux tout simplement augmenter les droits d’auteur pour chaque livre neuf vendu, avant de s’attaquer aux livres d’occasion ?



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