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Quand parle-t-on de plagiat ?

  • Photo du rédacteur: Elora Quintin
    Elora Quintin
  • 30 mai
  • 4 min de lecture
Le monde littéraire est secoué depuis plusieurs semaines par une accusation de plagiat de l’autrice Diana Katalayi Ilunga sur Guillaume Musso. Il me semble nécessaire de se demander où se trouve la limite de l’inspiration et du plagiat et que protège le droit d’auteur.
Droits image SLK News
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  1.  C’est quoi, le droit d’auteur ?


D’abord, pour rappel, c’est quoi le droit d’auteur ?


Selon le Code de la propriété intellectuelle, pour qu’une œuvre de l’esprit soit protégée, celle-ci doit répondre à deux critères :

  • La concrétisation formelle de l’œuvre : en d’autres termes, elle doit être matérialisée. Et d’après l’article 111-2, « L'œuvre est réputée créée, indépendamment de toute divulgation publique, du seul fait de la réalisation, même inachevée, de la conception de l'auteur. »

  • Le caractère original de l’œuvre : en effet une création intellectuelle n’est protégeable que si elle reflète la personnalité de son auteur.


Maintenant que cela est défini, parlons plagiat, terme qui en Droit, n’est pas utilisé. Les juristes préférant parler de contrefaçon.

Dans l’ouvrage « Le plagiat au défi du droit » d’Arnaud Latil, ce dernier explique que pour les auteurs contemporains, le plagiat désigne « des pratiques consistant à utiliser des travaux ou les idées d’autres personnes sans leur accorder le crédit qui leur revient ». Seulement, en droit cela ne s’applique pas tel quel. Comme Latil le précise ensuite, le droit d’auteur ne protège pas les idées, mais protège l’œuvre dans sa totalité achevée ou en cours. Nous revenons donc nécessairement à la définition juridique du droit d’auteur qui s’applique dans le caractère original de l’œuvre. Dans ce cas-là, le plagiat d’une œuvre peut être sanctionné au titre de la contrefaçon.


  1. Le cas Katalayi Ilunga – Musso


Dans le cas du dit-plagiat de Guillaume Musso sur le livre de Diana Katalayi Ilunga, qui m’amène à cette réflexion, peut-on donc parler de plagiat ?

 

Katalayi Ilunga affime que Musso reprend dans son roman « Quelqu’un d’autre » édité en 2024, des éléments de son roman à elle auto-édité en 2022 « Et tu ne le sais pas ». La liste des similitudes semble longue, l’autrice auto-édité nous en donne les preuves :

  • 2 femmes : épouse et maîtresse 

  • Un meurtre de l’un des 3 protagonistes

  • Accident de voiture (Musso) / accident de cheval (Katalayi)

  • Coma et troubles neurologiques

  • Mêmes termes médicaux utilisés

  • Même suspicion de meurtres

  • Le personnage du médecin qui est l’ami de l’héroïne

  • Plot twist final

 

Nous avons donc ici un triangle amoureux (trope de romance), un meurtre, un accident et des conséquences logiques de cet accident. Les mêmes termes médicaux utilisés, n’est-ce pas cohérent vis-à-vis de la situation et que l’intrigue se passe dans un hôpital ? À part le plot twist final que je ne pourrais pas donner puisque je n’ai lu aucun des deux livres, et qui apparemment est très original, le reste des éléments parait relativement classique.

Je n’affirme ou n’infirme rien concernant le dit-plagiat, seulement en se basant sur la définition du droit d’auteur et de son application juridique, cela ne peut s’appliquer au travers des preuves données par l’autrice. Malheureusement, comme expliqué plus haut, le droit d’auteur protège l’histoire dans sa globalité et dans son caractère original, en aucun cas il ne protège les idées.

Est-ce pour le moins original d’avoir un triangle amoureux, un accident qui cause des troubles neurologiques et un médecin ami de l’héroïne ?

Il semble néanmoins essentiel de reprendre les propos d’Arnaud Latil qui précise que « la reprise du déroulement d’une intrigue […] est susceptible d’être sanctionnée par la contrefaçon ». Ici, il confirme que « le plagiat des idées est donc sanctionné par le biais de la contrefaçon lorsque les choix sont originaux. »

 

Mais, quantité d’œuvres mettent en scène une épouse, une maîtresse et l’homme. Ne sont-ce finalement pas des éléments basiques et qui ne constituent donc pas une originalité au sens stricte du terme, même dans ses idées ? Une analyse complète des deux ouvrages mériterait d’être faite pour définir si les idées et le déroulement de l’histoire de Katalayi Ilunga définit des choix originaux et si en effet Musso les a repris.


 


À l’ère du XXIe siècle, il semble plus compliqué que jamais d’être original, puisque quantité d’écrits, de films, de théâtres, de séries ont déjà vu le jour. Statistiquement, il est probable que des œuvres se ressemblent de plus ou moins près. Au-delà des idées que l’on a en tant qu’auteur d’une œuvre, ce qui reste essentiel est la manière dont a été traité le sujet, comment ont été imaginé les personnages. Avec une même idée, des tas d’histoires différentes peuvent être écrites, voilà la limite de l’inspiration et du plagiat. Le caractère original de « Et tu ne le sais pas » de Katalayi n’est-il pas tout simplement dans la création propre de l’autrice et de sa plume, non pas dans ses idées ?

Ce qui compte dans l’œuvre est la réflexion propre de son auteur et la manière qu’il a de l’écrire, puisque les idées brutes si ne répondent pas d’originalité ne peuvent être protégées en l’état.

 
 
 

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