Est-ce vrai que les jeunes ne lisent plus ? Et pourquoi est-ce préoccupant ?
- Elora Quintin
- 28 oct.
- 4 min de lecture
« Les jeunes ne lisent plus », c’est ce qu’on entend partout depuis des années, mais qu’en est-il de la réalité ? Une étude IPSOS, en collaboration avec le CNL (Centre National du Livre) a révélé des chiffres inquiétants dans le milieu de la lecture en France. Des préoccupations qui se tournent notamment vers la jeunesse. Mais est-ce si préoccupant et pourquoi ?

Image libre de droit
État de la lecture en France en 2025
L’étude IPSOS bisannuelle a sondé 1001 Français, âgés de 15 ans et plus, entre le 21 janvier et le 4 février 2025. Les données représentent toutes les catégories socio-professionnelles, sexe, âge, et les catégories d’agglomération. Cette méthodologie est la même suivie depuis 10 ans ce qui permet d’avoir des résultats fiables et comparables entre eux.
Cette étude révèle un constat saisissant, car 56 % des Français se déclarent lecteurs réguliers, soit une baisse de 5 points par rapport à 2023. Et contre tout attente, ce n’est pas chez les jeunes que cette baisse est la plus marquante !
En moyenne, le recul le plus significatif se fait sur les 50-64 ans, qui en 2023 étaient les plus gros lecteurs, passant de 66 %, à seulement 53 %.
Et chez les jeunes alors ? Est-ce vrai qu’ils lisent moins ?
Si les moins de 25 ans se déclarent spontanément lecteurs réguliers, en définitif, ils sont réellement 66 % à avoir lu au moins 5 livres au cours des douze derniers mois, ce qui fait une chute de 15 points par rapport à 2019.
Un chiffre mérite tout de même notre attention : la progression des livres audios et numériques. Chez les jeunes de moins de 35 ans, 15 % ont lu au moins 5 livres au format numérique et 32 % ont déjà écouté des livres audios. Des chiffres en constante évolution, quand en 2015 ils n’étaient que 9 % de lecteurs sur liseuse et 28 % à en écouter.
Ce qui toutefois, ne permet pas de relever le taux de lecteurs global.
La part de lecteurs français atteint cette année, le plus bas niveau depuis 10 ans. Ce qui en fait un constat bien malheureux, sujet à de nombreux facteurs, mais lesquels ?
Pourquoi on lit moins ?
Manque de temps, écrans, autres loisirs ou pas d’intérêts… les raisons ne manquent pas !
Avec les écrans et les loisirs, on trouve facilement autre chose à faire, au détriment de la lecture, qui pour les jeunes est généralement associée à des devoirs pour les cours. La lecture n’est donc pas un plaisir pour eux, mais une obligation, ce qui les détourne finalement des livres.
À 15 ans, je faisais partie de cette catégorie de non-lecteurs, éduquée à coup de Stendhal, Molière, Rabelais ou encore Montesquieu, des œuvres classiques que l’on se doit de connaître, mais qui pour un jeune public mériteraient d’être dépoussiéré. À cet âge, qui veut lire ce vieux français, complexe et peu accessible ?
L’étude révèle que 28 % des non-lecteurs imaginent la lecture comme un levier d’approfondissement des connaissances, contre 10 % comme une activité de plaisir. Les livres au collège sont essentiels dans l’éducation, et malheureusement cela développe une faible appétence pour la lecture pour de nombreux Français, et 12 % de ces non-lecteurs en sont même effrayés, car la pensent complexe.
Désacraliser les livres semble nécessaire pour que les jeunes reviennent à la lecture. Non, il n’existe pas que les classiques français, toutes sortes de livres sont édités chaque jour, allant du policier à l’essai, en passant par la romance et les BD. Chacun peut y trouver un livre à son goût et surtout accessible !
Aujourd’hui, seulement 29 % des Français aiment lire, un chiffre bien bas qui peut aussi s’expliquer par l’exemple parental. D’après l’étude, les moyens et grands lecteurs sont nombreux à affirmer que leurs parents lisaient eux-mêmes des livres ou lisaient à leurs enfants.
Outre le fait que les Français lisent moins, ils sont également plus distraits au cours de leur lecture. 27 % des sondés déclarent faire autre chose en lisant : envoyer des messages, voire scroller en même temps sur les réseaux sociaux.
Pourquoi ces chiffres sont-ils préoccupants ?
Dans un monde de plus en plus digitalisé, la lecture a perdu sa place centrale dans le quotidien des Français. Environ 3 h 21 sont consacrées quotidiennement aux écrans, contre 31 minutes en moyenne pour la lecture.
Alors, oui, nous lisons de moins en moins, jeunes comme plus âgés, tout le monde est affecté. Mais pourquoi est-ce un fait préoccupant ?
En 2025, nous faisons face à des enfants – et des adultes – de plus en plus anxieux, sujets au harcèlement scolaire pour certains, au burn-out pour les autres. Notre société n’a jamais fait état d’autant de mauvaise santé mentale.
La lecture a des supers-pouvoirs, permettant la concentration, le développement de l’imaginaire, une capacité à la réflexion et à la critique, et même réduire l’anxiété. Lire, c’est s’évader de notre quotidien, éviter de penser à nos problèmes le temps d’un instant.
Dans les poussettes, les enfants ont les yeux rivés sur un dessin animé, et les adultes sont sur leur téléphone alors qu’ils boivent un verre avec des amis.
Être devant un écran, c’est être passif. Regarder ce qu’on nous dit de regarder, sans aller chercher plus loin. Idem, à l’heure des réseaux sociaux, où les fake news inondent les fils d’actualité et où la place de la critique et de la réflexion semble absente. La passivité est l’abrutissement d’une population : on nous dit quoi penser, mais nous ne sommes plus invités à réfléchir par nous-même.
Lire, au contraire, c’est être actif. Imaginer les personnages et l’univers qui y sont décrits, réfléchir sur les actions qui se déroulent dans l’histoire, comme démasquer un tueur en série pour les fans de polars.
Le cerveau travaille lorsqu’on lit, et pas besoin de lire du Stendhal !
En définitif, peu importe ce que nous lisons, du moment que nous lisons ! Entraînons nos cerveaux à réfléchir, parce qu’avec des livres : on rit, on pleure, on suit des histoires qui nous font vibrer. Parce que les livres, ce n’est pas qu’au collège et qu’il y en a pour tous les goûts. N’ayons pas honte de lire des BD ou des mangas, il n’existe pas de meilleurs genres que d’autres, exceptés ceux que nous aimons.



Commentaires