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L’usage de Chat GPT par les écrivains : pour ou contre ?

  • Photo du rédacteur: Elora Quintin
    Elora Quintin
  • 28 janv.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 févr.

En septembre dernier, un drama éclate dans le monde des écrivains : les organisateurs du Nanowrimo expliquent à leur audience leur position concernant l’usage de l’IA dans le processus d’écriture. Étant pour son utilisation, cette annonce a conduit de nombreux auteurs à démissionner du comité d’organisation. Décryptage.

 

Image libre de droits
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 1 – C’est quoi écrire et être écrivain ?

 

Le Nanowrimo, créé en 1999 a pour but de challenger les écrivains amateurs : écrire un roman de 50 000 mots en trente jours. Popularisé et très apprécié par la communauté, ce défi de taille revient depuis, chaque année au mois de novembre. Et en 2024, avec l’essor de Chat GPT, ils ont décidé de s’associer avec un logiciel IA d’aide à l’écriture : ProWritingAid. C’est à partir d’un post du Nanowrimo dans lequel ils avancent leur accord d’un usage de l’intelligence artificielle, que le monde littéraire s’insurge. D’après les organisateurs, « Tous les cerveaux n’ont pas les mêmes capacités et tous les écrivains ne fonctionnent pas au même niveau d’éducation ou de maîtrise de la langue dans laquelle ils écrivent », ce qui permet donc à l’IA de gommer cette différence et de remettre tout le monde à un niveau égalitaire. Mais, comme le pointe un internaute, « l’écriture n’est pas censée être facile ». (source : « Drama chez les écrivains : écrire avec une IA permet-il de lutter contre les privilèges de classe ? » - L'ADN)

 

Du temps, du travail, voilà ce qu’il faut pour progresser dans l’écriture, tous les auteurs le confirment. Et que vous soyez riche, de classe sociale moyenne ou pauvre, il vous suffit seulement d’un stylo et d’un papier, sans nul besoin d’une formation pour se définir auteur ou autrice. Le Robert définit ce terme comme « une personne qui compose, écrit des ouvrages littéraires ». Comprendre donc, que dès que l’on écrit, on est écrivain, édité ou pas.

Écrire une bonne histoire ne se fait pas d’un claquement de doigts à l’aide de Chat GPT, puisqu’ un « livre est fait pour provoquer des émotions, comme d’ailleurs toute forme d’expression », d’après Marc Lévy. Un auteur puise généralement dans les expériences de la vie réelle et de son quotidien, c’est de cette manière que les émotions se ressentent le mieux dans les histoires.

« La vie est un roman » affirme Douglas Kennedy qui s’inspire largement de son quotidien et de la vie des autres dans ses romans.

Or, l’IA ne pense et ne ressent pas et si tant est qu’elle peut écrire, elle sera dans l’incapacité de faire ressentir des émotions aux lecteurs.

Dans son essai-autobiographique « Écriture », Stephen King parle de l’écriture comme d’un acte à prendre au sérieux et que l’on peut écrire en étant « nerveux, excité, plein d’espoir ou même de désespoir », et de cette émotion au moment de la création, elle sera ressentie par le lecteur. À la manière d’un poème, qui est peut-être le meilleur exemple ici.


2 – Les dérives de l’IA dans le process créatif

 

Tout cela amène à se demander quelles sont les dérives de ce nouvel outil ? Dans l’article de l’ADN « Drama chez les écrivains : écrire avec une IA permet-il de lutter contre les privilèges de classe ? », certains interviewés affirment utiliser Chat GPT comme assistant pour réaliser des recherches : une date, un résumé d’une période historique, etc. De par sa rapidité d’utilisation, c’est un outil, selon eux, qui permet de ne pas briser son rythme d’écriture. Problème ? La pollution émise par cette IA, est beaucoup plus polluante qu’une simple recherche internet. Selon l’Agence International de l’Énergie, chaque requête sur Chat GPT consomme 2,9 Wh d’électricité, c’est-à-dire une consommation dix fois plus gourmande qu’une recherche sur Google.

Aussi préoccupant, qu'en est-il du droit d’auteur ? L’IA n’est pas un créatif au même titre qu’un écrivain ou un graphiste, elle ne pense pas et ne créé pas elle-même, puisqu’elle a été entraînée sur des créations existantes et s’inspire de celles-ci. En 2023, c’est un collectif de 17 auteurs américains, dont John Grisham, George R.R Martin ou encore Michael Connelly, qui porte plainte contre la start-up Open AI (créateurs de Chat GPT) l’accusant d’avoir nourri l’algorithme grâce à leurs œuvres littéraires. Cela permettrait à l’outil d’imiter la plume des écrivains et de recopier leurs romans.

L’IA générative est une machine qui a besoin de se nourrir des autres, elle puise dans le web pour réassembler un texte ou une image collant au prompt demandé.

 

Entre des posts Linkedin de Community managers qui se ressemblent traits pour traits et des histoires prévisibles avec une plume scolaire, l’IA est de plus en plus présente.

Cette nouvelle écrite par Chat GPT fin 2023, par exemple, qui a gagné un prix lors d’un concours d'écriture de science-fiction en Chine ou dernièrement une écrivaine américaine auto-publiée qui, sans mentionner l’utilisation de l’IA, a oublié de retirer dans son texte final, un commentaire de Chat GPT au milieu du chapitre 1. Une influenceuse Tiktok a dénoncé cette autrice dans une vidéo sous laquelle certains commentaires s’indignent.

Tout cela fait poser la question du sentiment du lecteur face à un récit rédigé par un «robot». Savoir qu’un roman a été écrit grâce à ce genre d’outils, même partiellement, donnerait une impression de se faire duper par l’auteur, brisant ainsi la relation de confiance qu’il peut y avoir avec le lecteur, sans lequel le livre perdra son intérêt s’il n’est pas lu. Par son œuvre, l’auteur fait une promesse tacite dès l’ouverture du livre, nommée le contrat auteur-lecteur, qui dans le cas cité au-dessus est alors complètement cassé.

 


3 – Mais alors comment peut-on utiliser l’IA ?

 

L’IA peut être un parfait assistant, au même titre qu’une machine est utilisée dans le monde industriel : réaliser des tâches répétitives ou non qui ne demandent pas de création pure. Chat GPT est par exemple un outil perfectionné pour aider à structurer des romans. Il est possible de lui donner un synopsis et lui demander des conseils de structure et d’ordre. Il peut aussi se faire relecteur en lui demandant de repérer des clichés ou des phrases maladroites. Chat GPT a besoin de précisions et de tâches simples.

Après plusieurs essais de générations d’images qui ne me convenaient pas, pour une couverture d’un recueil de nouvelles, à savoir : un jeune homme de dos en train de regarder un tableau dans un musée, j’ai fini par trouver une image se rapprochant de ma vision. Si cela se ressemblait, ce n’était pas tout à fait ce que je souhaitais, j’ai néanmoins récupéré l’image en tant que modèle. Pouvant alors me baser sur des proportions réalistes du personnage, ne sachant pas dessiner, je peux recréer mon visuel avec ma patte graphique. Je l'ai refait entièrement à ma manière.

 


L’IA et tous outils génératifs peuvent être de super assistants à la création sans être des créatifs en tant que tels, ni comme un humain peut l’être. Si dans le cas décrypter ici, les arguments avancés par le Nanowrimo ne sont pas acceptables, l’usage de Chat GPT n’est pas non plus condamnable. Il suffit de savoir l’utiliser pour des tâches simples et que l’auteur garde sa patte créative qui lui est propre, influencé par ses émotions et ses choix. Car ce qui fait d’une œuvre, une œuvre, est la vision de l’artiste et son caractère original. D’un point de vue philosophique, l’art se distingue de la technique de par sa finalité : le produit technique prenant fin dans son usage, tandis que l’œuvre d’art est en elle-même une fin prenant corps seulement dans sa contemplation.

 

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